Soleils de septembre
Les navigateurs portugais commencent dès le XVe siècle à conquérir des territoires d’Amérique, d’Asie et d’Afrique, rapportant chez eux de nombreux trésors mais parfois aussi préférant rester et s’enraciner dans ces contrées lointaines. Contrairement à d’autres colons européens qui resteront assez hermétiques aux cultures autochtones, les portugais montrent une grande curiosité pour les singularités locales, en témoignent les mélanges tant sur le plan artistique (arts décoratifs, musique) que sur le plan gastronomique : rapidement après leurs arrivées on voit naître des cultures hybrides, fusion des particularités des peuples natifs avec celles des pionniers portugais.
Le Brésil est bien connu de ces destinations de la diaspora portugaise, mais celle-ci s’étend également au Cap-Vert, Indonésie, Timor, Inde, Chine, ou en Angola et Afrique du Sud : qu’elles soient profanes ou sacrées, les musiques qui naissent de ces rencontres révèlent une multitude de couleurs, des rythmes inouïs, des mélodies aux nuances chinées et une langue portugaise qui va se répandre et se transformer. L’Achéron propose ici un voyage autour du globe pour découvrir quelques pépites de la diaspora portugaise : des airs religieux, vilancicos, chansons de Goa, Macao, Coimbra ou d’ailleurs, ces raretés promettent une expédition artistique sublime et métissée.
Luanda Siqueira, soprano
Julie Dessaint, violone
André Henrich, theorb & guitar
Pernelle Marzorati, harp
Manon Duchemann, percussions
François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction
(…) Cancioneiros de Paris et d’Elvas (XVIe siècle), chants populaires à la fois profanes et religieux interprétés avec beaucoup de piquant par l’excellente soprano brésilienne Luanda Siqueira. Ces villancicos se mêlent durant le concert à des danses chantées afro-brésiliennes très anciennes comme le lundu et le jongo, mâtinés au XVIIIe siècle de fandango hispanique, genres fondateurs de la musique populaire du Brésil dont Luanda Siqueira exprime avec justesse la sensualité et l’humour. Suivent des modinhas, airs lyriques inspirés du bel canto italien, très en vogue au XIXe siècle au Portugal et au Brésil, dans lesquelles la voix de la soprano s’épanouit vraiment. Après des fados portugais du début du XXe siècle et un détour par Macao et Goa, les musiciens, tous remarquables, s’en donnent à cœur joie dans les Folías gallegas et un Cumbé afro-brésilien composés au XVIIIe siècle par l’espagnol Santiago de Murcia. Enfin, cerise sur le gâteau, le concert s’achève par un clin d’œil humoristique à la samba (descendante du lundu !) avec une version délicieusement baroque du célèbre Você abusou des Brésiliens Antônio Carlos et Jocafi (…)