Maryvonne Colombani, Journal Zibeline, Novembre 2021
Les douze Sibylles de Lassus (...) sont évoquées en œuvres courtes aux accords simples mais dont l’agencement touche à la transcendance tant les harmonies, comme diffractées, donnent une impression mystique. Les voix sculptées d' Eulalia Fantova (mezzo) , Julie Azoulay (contralto), Benoît-Joseph Meier (ténor), Guglielmo Buonsanti et Alessandro Ravasio (basses), offrent un écrin d’orfèvre aux mélodies qui nous emportent dans des cosmogonies universelles où se catapultent les temps. Le païen et le christianisme se fondent dans cette musique diffractée. L’envoûtement s’affirme encore dans le Chant du Mystère à Constantinople au creuset des litanies où les airs liturgiques, longs et répétitifs nous donnent une idée de la transe mystique, avec des voix qui semblent suspendues face à un inconcevable accepté. Il n’est pas d’explication par le raisonnement, mais une tension vécue, sentie, partagée dans une compréhension qui se passe de mots, et que seule la matérialité de la musique peut rendre. Lila Hajosi, quittant le pupitre mezzo-soprano, dirige pour la première fois avec une justesse et une pertinence sensibles et élégantes. Un diamant taillé !