L'Achéron
MUSIQUE ANCIENNEJ.B. Bach
Johann Bernhard Bach, ouvertures
Ricercar/Outhere, 2016L’Achéron
Marie Rouquié, Alice Julien-Laferrière, Jorlen Vega, violons
Kathia Robert, alto
Elodie Peudepièce, contrebasse
Thomas Kügler & Karel Valter, flûtes traversières
Johanne Maitre & Elsa Frank, hautbois & flûtes à bec
Mélanie Flahaut, basson & flageolet
Miguel Henry, théorbe & guitare
Philippe Grisvard, clavecin
François Joubert-Caillet, basse de viole & direction
Tableaux champêtres, populaires ou de cour, les images qui apparaissent à l’écoute de ces Ouvertures évoquent des scènes d’une variété colorée : chaque mouvement décrit une situation particulière, un sentiment précis ; on y entend des danses, des airs tendres ou des mélodies militaires ; on y voit des scènes d’opéra, des personnages historiques, allègoriques ou imaginaires ; la mélancolie, la joie, la nostalgie, l’espérance, l’humour, la finesse, la puissance, l’affliction, la fleur de l’âge ou la sagesse s’y confondent et s’entrelacent. Tel un peintre, Johann Bernhard Bach crée pour chaque pièce un cadre et un discours, un monde et ses acteurs. Si l’Ouverture en sol mineur et son violon concertant montrent une influence italienne, le modèle stylistique de Johann Bernhard Bach est pourtant clairement français, classique, inspiré de cet esprit et ce goût typiques des danses et Ouvertures d’outre-rhin. On ne pourrait pourtant pas imaginer cette musique écrite par un musicien français : Johann Bernhard Bach s’inspire de ce modèle et l’adapte à son style propre, créant ainsi une musique toute personnelle. L’Achéron s’ouvre à l’orchestre, désirant aborder cette musique avec le même soucis de réalisme artistique et sonore que pour les répertoires où la viole de gambe tient une place plus importante. En adoptant des instrumentations variées, typées, nous avons tenté de repeindre ici les modèles qui furent peut-être ceux imaginés par Johann Bernhard Bach et de saisir les inspirations s’exprimant dans chacune de ces miniatures.
Presse
Jean-Charles Hoffelé, Diapason, janvier 2017
Las! l’album des Freiburg relégué sur une étagère du grenier, j’avais abandonné Johann Bernhard. Jusqu’à ce que la poste livre un disque de François Joubert-Caillet, dont la viole m’avait charmé chez le Hollandais Johannes Schenck, un peu moins oublié. Allait-il ennoblir les partitions les plus françaises qu’un Bach a jamais écrites, en abandonnant son instrument pour conduire une belle bande de treize musiciens nommée L’Achéron? Des Suites qui dansent enfin me saisissent illico. L’Ouverture de celle en sol, qu’on croirait empruntée à un opéra de Marais par la majesté de sa chaconne, me souffle. Les fifres épicés de sa Bourrée entrainent dans leur sillage une fête champêtre, suggérant une musette. Ceux du Rigaudon de la suite en mi, autrement déluré, ont un petit air carnaval de la folie. Partout le génie français éclate dans des vêtures somptueuses, le jaune et l’incarnat brillent à travers violons, hautbois et flageolets. Mais lorsque la grande mélodie des Plaisirs de la Suite en mi résonne, chaconne qui s’ignore, le Gilles de Watteau vous regarde au fond des yeux, vous interroge, tendre, perdu, désarmé. La nuit peut venir.
Jean-Luc Macia, Diapason, décembre 2016
Des phrasés aérés et le babil des flûtes à bec (voire un piccolo) ne masquent ni la mélancolie (Air de l’Ouverture en sol majeur) ni la tendresse (Air de la mi mineur). Et quels raffinements dans Les Plaisirs! Pouvons-nous entendre plus « français » que ce Rigaudon ou cet autre Rondeau? Les mouvements concis respirent large, dans cet espace à mi-chemin entre la musique de chambre -l’ancrage de L’acheron, auquel on doit notamment un fabuleux disque Scheidt salué l’an dernier par un Diapason d’Or) et l’orchestre. L’exercice de la danse devient avec François Joubert-Caillet un jeu de séduction instrumentale où chacun brille à tour de rôle, à commencer par la soliste (Marie Rouquié?) de l’Ouverture en sol mineur.
Jean-Charles Hoffelé, Artamag, novembre 2016
Francophile dans le tendre et dans le vif, dans le portrait de caractère, dans la danse et dans la mélancolie, avec en supplément un génie mélodique, un goût des phrases longues et portées qui ont toujours cet irrésistible parfum de chaconne, et aussi le soin de relier la musique instrumentale au monde de l’opéra. Car derrière ces Gavottes, ce Rigaudon impertinent que Joubert-Caillet fait génialement persifler aux flûtes, ces Airs, ce Caprice, cette Joye, des personnages paraissent, irrésistibles. Hengelbrock et ses Freiburger les jouaient un rien trop droites, comme prisonniers des quatre parties de cordes du manuscrit. Joubert-Caillet et son Achéron les habillent en costumes de fêtes, elles deviennent insensées de présence et de couleurs, désarmantes dans les confidences, piquantes dans les danses, troussant un album magnifique, rendant leur gloire aux musiques les plus françaises qui aient vu le jour de l’autre côté du Rhin.
Jérémie Bigorie, Classica, novembre 2016
Comme à son habitude, François Joubert-Caillet se distingue pas sa souplesse vis-à-vis de la barre de mesures, sa liberté de phrasés adaptée au caractère des différentes danses (…). Mais la profondeur n’est pas absente de tel Air où la mélancolie, comme une ombre fugitive, infléchit pour un temps le (délicieux) badinage.
Bernard Postiau, Crescendo, octobre 2016
(…) L’opulence des sonorités de l’ensemble L’Achéron, ainsi qu’une prise de son plus flatteuse, rend l’écoute davantage agréable et séduisante. Précisons encore que l’orchestration choisie ici rend plus encore perceptible la proximité avec la musique française : on pense souvent à Lully.
Audio
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