David Sanson, Hémisphère son, juillet 22
Treize musiciens, deux chanteurs (Emmanuel Bardon et la soprano argentine Bárbara Kusa), tous magnifiquement engagés (mentions spéciales à la joueuse de vielle et de luth Nolwenn Le Guern et au percussionniste Henri-Charles Caget, mais tous mériteraient d’être cités), nous ont ainsi offert un mémorable voyage, partant de Tolède pour gagner le Pays du Soleil levant, en s’attardant sur tout le pourtour de la Méditerranée, de Venise à Constantinople en passant par Sarajevo, Epire, la Bulgarie ou le Maroc. Interrogé à l’issue du concert sur l’absence des musiques de l’Asie centrale, Emmanuel Bardon insistait sur le fait que toutes les pièces du programme – qu’il s’agisse de partitions « savantes » ou de collectages – avaient été proposées par les musiciens eux-mêmes. C’est là que commence l’« aventure humaine » évoquée plus haut. Toutes ont ensuite été arrangées par le groupe. (…)
Avec quel naturel ces musiques se fondent dans cet instrumentarium cosmopolite ! et avec quelle évidence une mélodie folklorique grecque succède à un air traditionnel berbère ! Les musiciens de Canticum Novum nous font passer, parfois au sein d’une même pièce, de l’Italie au Japon, avec un enthousiasme contagieux – le clou du programme étant sans doute cette poignante mélodie séfarade de Constantinople, Durme, hermoza donzella, qui se déploie sur un lent motif de koto en ostinato, sur lequel les trois flûtes – la flûte à bec, le shakuhachi japonais, et la flûte kaval des Balkans – tissent peu à peu un délicat entrelacs de textures… More details