Une leçon de piano avec Chopin
(…) Ce n’est pas tous les jours que l’on rit à un concert classique. Lundi 21 octobre, sur la scène d’Équinoxe, deux pianistes passés maîtres dans l’art de l’improvisation se provoquent en duel. (…) Tour à tour, l’un impose à l’autre de le jouer à la manière de Bach, de Schubert, de Rachmaninov, de Schumann, de Debussy et puisque cela ne semble pas suffire à les départager : façon tango ou allongé sur le dos, les mains croisées sur le clavier. Supplice que le Chopin du soir impose à Liszt. De fil en aiguille, on finit par demander aux techniciens d’éteindre les lumières. Du rire, oui. Parce que les interprètes, en plus de briller sur le clavier, ne s’en tirent pas mal non plus dans le jeu d’acteur. Mais derrière cette virtuosité débridée, d’autres intentions, plus subtiles : celle de nous offrir avec beaucoup de pédagogie une leçon de musique et celle de nous rappeler, amnésiques que nous sommes, d’avoir trop assisté à des concerts où le sérieux est devenu la norme, que ces œuvres que l’on écoute encore aujourd’hui, avec une sorte de recueillement, sont nées du creuset de l’improvisation, du plaisir de s’amuser et de séduire.