Arts-Scène Diffusion

Quatuor Voce

STRING QUARTET

Jean-Michel Molkhou, Diapason, octobre 2019

En quelques instants, on mesure le chemin parcouru par l’ensemble français dans l’autorité du ton et du souffle, dans la maîtrise des contrastes, et plus encore dans la profondeur de la vision. Leur sonorité est splendide, les attaques s’avèrent franches. Chaque mouvement livre pleinement la complexité de ses humeurs - énergie, passion, angoisse… 

Cette interprétation captée (principalement) en concert bénéficie d’un dialogue subtil et complice. On a beau chérir comme moi les (légendaires) versions des Busch, Amadeus ou autres Alban Berg, celle des Voce touche profondément par sa personnalité et par la justesse de son goût, qui évite tout débordement expressif inutile, même dans les accès de tourment (Andante). Elle séduit aussi par sa prise de risque (Scherzo) et par la manière dont les quatre musiciens semblent jouer leur destin à chaque mesure. Voilà qui témoigne d’une conception réfléchie, mûrie, cent fois remise sur le métier jusqu’au « moment unique de création, le concert, où on lâche prise et où les oeuvres jaillissent », écrivent-ils en préambule, soucieux de préserver leur spontanéité.

Cet engagement spirituel profite également au Quatuor n° 15 en ré mineur de Mozart, écrit quarante ans plus tôt. Le propos est intense, bien qu’un rien surexposé dans l’Allegro initial. En dehors des moments clairement opératiques - ici superbement défendus avec une éloquence charnelle, profonde et vivante - un ton un peu dépouillé (Andante) et un soupçon de fragilité nous auraient comblés. Après un gracieux Menuetto, le finale et ses miraculeuses variations trouvent ici un climat de conversation des plus raffinés. Un très beau disque, signature d’un quatuor très épanoui. 


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