Le beau mois de novembre!
(…) une partition hautement contrastée, à laquelle leur grande palette de couleurs rend pleinement justice.
On est ainsi saisi par l'énergie folle qui nous fait rentrer dans le mois de février, après une fin janvier toute en souplesse, en grâce et en lignes aériennes. La puissance de ces accords à la verticalité parfaite, d'où jaillissent bientôt des vocalises d'une diabolique virtuosité, en dit long sur la complicité qui unit ces trois jeunes artistes. Mais si l'ensemble s'est justement fait connaître depuis deux saisons grâce à sa fougue et sa vitalité, c'est dans les mouvements les plus nostalgiques et mélancoliques (dieu sait que ce cycle n'en manque pas) que l'on se laisse vraiment cueillir. Mars, avec son atmosphère pluvieuse et ses harmonies ombrageuses en est un bon exemple. S'il est un autre mois qui à lui seul justifie l'écoute de cet enregistrement, et le succès bien mérité des Zadig, c'est sans conteste octobre. Écoutez cette subtile inflexion de tempo, dès la vingtième seconde, du violoniste Boris Borgolotto. En une hésitation, tout est dit. Les trois amis ne jouent pas, ils chantent. Voyez comme des pleurs du violoncelle de Marc Girard Garcia naît, à 2'40, cette ligne obsédante et fantomatique du piano. Comme une réminiscence de bonheur à la lumière fragile, sublimée par le jeu d'une incroyable douceur de l'Américain Ian Barber. Parfois, toute la force d'une interprétation réside dans sa fragilité. C'est le cas ici. Mon coup de cœur de la semaine.