Aashenayi
Ambronay, 2015
Gülay Hacer Toruk, Mashal Arman, Emmanuel Bardon chant
Shadi Fathi tar shourangiz
Aliocha Regnard nyckelharpa & fidula
Emmanuelle Guigues kamensheh & vièle
Aroussiak Guevorguian kanun
Gwénaël Bihan flûtes à bec
Isabelle Courroy flûtes kavals
Philippe Roche oud
Henri-Charles Caget et Ismaïl Mesbahi percussions
Sous le règne de Soliman le Magnifique, au XVIe siècle, l’Empire ottoman est à son apogée. Son armée et ses janissaires sont craints dans toute l’Europe, et Constantinople, sa capitale, émerveille le monde occidental. Cet empire est une terre d’accueil pour les séfarades chassés d’Espagne, c’est une terre de passage pour les populations du monde entier. S’y croisent la route de la soie, le chemin des tziganes, des peuples nomades… Pour Soliman, protecteur des arts et des lettres, La Sublime Porte n’a pas seulement une position stratégique privilégiée pour le commerce ou la guerre mais également une vocation à rassembler les cultures d’Orient et d’Occident. D’abord indifférents, les deux mondes sont devenus curieux l’un de l’autre, séduits, voire fascinés, ouverts enfin à des influences réciproques.
C’est imprégnés de ce contexte historique que nous avons choisi des pièces musicales témoignant de cette incroyable richesse interculturelle. Le programme d’Aashenayi, (« rencontre » en persan) offre un voyage aux allers-retours incessants d’un monde à l’autre et témoigne de leur curiosité et de leur fascination réciproques. Un programme à l’image de ce haut lieu de passage dans lequel se mêlent les échos de la Perse, de l’Arménie, de la Turquie et de l’Europe. Un programme servi par des artistes qui s’appuient sur leur propre héritage musical pour jouer le répertoire de l’autre, donnant ainsi naissance à une expression commune.
Aashenayi regroupe une série de monodies issues à la fois de la tradition orale (les pièces séfarades et persanes) et de l’écrit (les pièces ottomanes, arméniennes et espagnoles). Le choix de l’instrumentation et l’élaboration sont le fruit d’un travail collectif et notre interprétation fait la part belle à l’improvisation.
Ce programme n’est pourtant pas une reconstitution historique mais avant tout une rencontre musicale 7 d’aujourd’hui. Les musiciens de cet enregistrement, aux origines multiples (arménienne, turque, kurde, afghane, algérienne & française), ont tous fait le choix de partager cette expérience humaine depuis de nombreuses années au sein du groupe qu’est l’ensemble Canticum Novum. C’est le partage simple d’un geste collectif de notre quotidien dans lequel chacun, dans le respect de sa différence, trouve un point commun pour entrer en contact avec l’autre : l’expression orale. Cette oralité, aussi différente soit-elle selon ses origines, exprime et transmet une mémoire, une expérience, une culture. L’oralité établit un dialogue. Mais avant que celui-ci ne se mette en place, il est important d’installer le silence pour écouter l’autre.
A l’heure où le monde montre plus de signes d’enfermement que d’ouverture, d’identitarisme que d’interculturalité, où l’on favorise de plus en plus l’intérêt particulier au détriment du collectif, où nos politiques économiques sont génératrices de clivages entre les hommes et où les inégalités sont de plus en plus marquées, il est plus que jamais nécessaire de se questionner sur la place que nous voulons donner à cette « oralité » dans nos sociétés.
La pratique artistique, garante de cette expression, fait partie de la vie. Elle devrait être aussi simple et évidente que les gestes du quotidien qui se partagent en communauté : travailler, aller à l’école, partager un repas, jouer, entrer dans une mosquée, une synagogue ou une église… Continuons à créer des passerelles entre le passé et l’avenir pour que la pratique artistique, et en particulier la musique, permette encore et toujours d’inciter au dialogue, à la découverte, à la complicité, au questionnement... La pérennité de l’aventure humaine ne peut commencer que par la rencontre… Aashenayi…
Emmanuel Bardon
Gérard Pangon, musikzen, 28 août 2015
Marie-Alix Pleines, Lecourrier.ch, 8 août 2015
Avec une remarquable souplesse et une audace respectueuse, une bonne dizaine d’excellents musiciens et chanteurs – combinant plusieurs types de luths, des flûtes, vièle et percussions – nous offrent un dépaysement sonore de très belle tenue, un fabuleux voyage sensuel et allégorique au-delà des frontières culturelles.
Michel Jakubowicz, On Mag, Juillet 2015
Un itinéraire assez singulier et magique que l’ensemble Canticum Novum dirigé par Emmanuel Bardon restitue avec une chaleur et une conviction exemplaires. Lire l'article complet
Dominy Clements, Musicweb International, June 2015
Gently swinging percussion, the sparkle and resonance of plucked strings, the unusual timbres of exotic scales and vocal messages which have a poetry all of their own combine to deliver something very special indeed [...] The programme is a good mixture of songs both deeply affecting and rousingly rhythmical, and there is always a strong instrumental presence in all of these vocal numbers. The beauty of simple songs such as Nor Tsaghikcomes from its elegant melodic line of course, but the transparency of the accompaniment and the luminous effect of a flute in unison with the voice combine to create something really magical. Lire l'article complet
Tombé du nid d'Euterpe, Anacluse, avril 2015
Canticum Novum dévoile la richesse des monodies du XVIe siècle puisées aux confins de l’Europe et du Moyen orient. Il les déploie au fil d’improvisations éblouissantes comme autant de variations sur la rencontre entre les peuples.
Chrystel Chabert, Culture Box, 28 avril 2015
Cet album est à l’image de cette ville qui fut à la fois terre d’accueil et de passage : impossible en l’écoutant de rester confiner entre les limites des frontières tant les influences se mêlent à l’intérieur même des morceaux. C’est toute la réussite d'"Aashenayi" : marier les influences et proposer des allers-retours incessants entre les cultures. Lire l'article complet
Père Claude Ollivier, Radio Notre Dame, 20 avril 2015
Un parcours oecuménique d’une grande richesse humaine et spirituelle admirablement mises en place par le "Canticum Novum" d'Emmanuel Bardon. Une belle leçon d’histoire.
Danielle Anex-Cabanis, Utmisol, avril 2015
C’est ambitieux, peut-être un peu candide, mais c’est un beau projet qui débouche sur un CD vraiment intéressant […] Les cantiques d’Alphonse X le Sage sont superbes, tout comme les airs arméniens […] En tout état de cause, ce CD est une magnifique initiative. Lire l'article complet