Jean-Luc Ho
CLAVECIN & ORGUEJohann Sebastian Bach
Les Variations Goldberg
Encelade, 2023
Jean-Luc Ho, clavecin
« La mission d’un interprète est certainement de nourrir une relation privilégiée avec une œuvre et d’en faire profiter le public. À commencer par dissocier l’œuvre de l’histoire qu'elle connaîtra.
Bach, âgé de 55 ans, fait paraître Clavier Übung se composant d’une ARIA avec diverses variations pour le clavecin à deux claviers en 1741. […]
De même que chercher quelque chose d’anglais dans les Suites Anglaises relève du non-sens, nommer l’œuvre les Variations Goldberg nous amène implicitement à nous demander si un adolescent de quatorze ans du nom de Johann Gottfried Goldberg est en mesure d’exécuter une partition si difficile. Cette dénomination consacrée de l’œuvre met le doigt sur sa difficulté technique (certes réelle mais qui ne définit pas la pièce) et la promet à une destinée légendaire, mythique, aux confins de la réalité.
En concert, les Variations se regardent autant qu’elles s'écoutent. Déploiement d’inventivité digitale, exploration virtuose des claviers sans cesse renouvelée, l’œuvre est défi pour les pianistes et clavecinistes, ravissement pour le spectateur. Bach utilise pour la première fois au clavecin de manière si affirmée, presque à l’extrême, ces croisements de mains, ces martèlements d’accords, ces glissades chromatiques, ces arpèges rapides, et explore comme jamais l’indépendance des claviers […]
Il faut un sacré clavecin pour une telle pièce. Un vieux compagnon qui fait envie, qui répond à la gourmandise et alimente le jeu. Il y a dix ans, je me suis mis martel en tête à trouver « le » clavecin pour Bach. Disons que j'en ai rencontré les qualités nécessaires plus que l’instrument unique : équilibre, dynamique et plans sonores.
Le clavecin que je connais le mieux est un clavecin français deux claviers d’après Goujon, fait par le facteur Émile Jobin en 1983. Il est d’esthétique française et jamais Bach n’a entendu ni touché tel instrument. Mais ce clavecin est l’œuvre d’un facteur d’aujourd'hui qui a en tête l’orgue et le souci de la polyphonie. Un Français pas comme les autres, peut-on dire. »
Jean-Luc Ho
Vidéos
Presse
Jean-Pierre Robert, on-mag.fr, 26 septembre 2023
(...) On est séduit par la sonorité claire dans l'ensemble des registres, son agréable résonance sans redondance dans le grave, ses aigus cristallins. Le jeu de Ho frappe par son extrême clarté, sa lisibilité et la rigueur de l'approche, même dans les passages les plus chargés. L'exécution est sur le versant plutôt lent - une durée de 87', comparée à celle de 76' favorisée par Say -. Ainsi prend-il l'Aria de manière très posée, soulignant la simplicité de la mélodie, pour cette pièce conçue dans l'esprit français. Quant aux variations, on admire le sens de l'architecture d'ensemble, avec une bonne assise à la basse. Un élément essentiel est la combinaison de logique de structure et une grande liberté d'expression, qui distinguent cette œuvre sans pareil.
Marc Laborde, Utmisol.fr, 25 septembre 2023
Jean-Luc Ho nous en donne au clavecin une lecture brillante. Il sait fort bien se jouer de ces pages illustres qui font en permanence le grand écart entre la méditation la plus profonde et la joie la plus exubérante. (...) J. -L. Ho s’empare de cette musique qui sous ses doigts s’incarne pour devenir presque charnelle. Il sait imaginer cette vaste fresque musicale qui porte toute l’inventivité et la créativité du Cantor.
Chaque atmosphère est rendue avec précision mais aussi élégance (...) Avec un soupçon de maniérisme, un jeu délicat et virtuose, Jean-Luc Ho nous livre ici une lecture magistrale.
Jean-Marc Warszawski, Musicologie.org, 21 septembre 2023
Jean-Luc Ho donne même à chacun des canons un éthos ou une poétique : premier à l’unisson incarne gémellité, symbiose et perfection ; le second (à la seconde) évoque la fébrilité, l’anticipation, suivent la puissance, l’esprit conquérant, la résistance, la souffrance, à un chat funambule s’amusant de l’apesanteur, les pleurs, la mise au tombeau, jusqu’au « bouquet final » du quodlibet. (...) C’est un excellent enregistrement, du bon son, le contrepoint y est délié, avec une volonté expressive et de légèreté heureuse (...)
Stephen Greenbank, MusicWeb International, Juillet 2023
Ho’s is a considered and cultivated interpretation, offering refined and sensitive playing with an assertive touch when necessary. Throughout, he invests the music with rhythmic freedom and manifold variety of articulation. Observing repeats, he opts for a relaxed choice of tempi with a discreet touch of rubato in the opening aria. Ornamentation can often be a problem, but for Ho it’s discreet, tasteful and, at all times, idiomatic. He displays a great technical command of the instrument. The result is a convincing interpretation of intuitive musicality.
(…)
I found Ho’s performance of the Goldberg Variations very rewarding. He invests the music with real character and personality Plus de détails
Emmanuel Deroeux, Classykeo, Juin 2023
(…) Le musicien fait preuve des mêmes qualités en concert qu’en enregistrement : un toucher très précis, très maîtrisé même, garantissant une conduite régulière et constante tout en offrant un phrasé conscient des phrasés (…) LesVariations se regardant autant qu’elles s’écoutent, pour reprendre les mots mêmes de Jean-Luc Ho, on apprécie justement les jeux des claviers, les mains sautillant d’un registre à un autre ou se chevauchant avec agilité. Le plaisir de l’écoute de l’enregistrement produit par cet entremêlement des voix, indépendantes et virtuoses, prend une autre dimension en concert par cette chorégraphie fascinante. Plus de détails
Alain Steffen, Pizzicato, Juin 2023
"With this 87-minute recording of Bach’s Goldberg Variations, French harpsichordist, organist and pedagogue Jean-Luc Ho delivers one of the most interesting and perhaps idiosyncratic interpretations of this unique work, which has been experiencing a veritable resurgence in recent years. (…)
Thanks to an excellent recording technique Ho’s playing comes very close to the ‘anatomy of the harpsichord’; one hears everything and as a listener can almost see inside the instrument. This also allows a generous spatial sound in which Ho’s fantastic playing can develop wonderfully. Even those who have the great recordings of the Goldberg Variations on their shelves at home should not miss this interpretation, which is exciting in all respects. Plus de détails
Cécile Glaenzer, ResMusica, Juin 2023
(…) c’est à lui que l’on doit la préparation de ce très beau clavecin français d’Emile Jobin d’après Goujon qu’il a choisi pour cet enregistrement, le même sur lequel il avait déjà enregistré ses précédents disques Bach. La couleur est somptueuse, la polyphonie d’une grande clarté, et la prise de son très rapprochée de Ken Yoshida rend parfaitement l’équilibre des différents plans sonores. (…). Dès l’entame de l’Aria, on entre dans le monde privé de l’interprète. A la deuxième mesure, on est surpris par une appoggiature inhabituellement courte, mais c’est une surprise qui aiguise notre écoute sans perturber la cohérence du discours. Tout se déroule ensuite avec fluidité, on oublie la prouesse technique pour se laisser entraîner par l’expressivité de l’interprète, jusqu’au Quodlibet final où Bach s’amuse à mêler à la basse originale deux chansons populaires comme si tout cela n’était qu’un jeu, une plaisanterie. A la reprise de l’Aria, notre écoute a changé, nous ne l’entendons plus comme la première fois, nous ne sommes plus les mêmes. Et sans doute ne la joue-t-on pas non plus comme la première fois, dans un tempo imperceptiblement ralenti, comme si on n’avait pas envie de finir après l’immense traversée que l’on vient de parcourir. Plus de détails
Gérard Pangon, Musikzen, Juin 2023
Bach chantant
Les brillants contrepoints de Jean-Luc Ho
(…) Jean-Luc Ho donne une version d’ensemble, décline brillamment les contrepoints, met en évidence les suites de danse, fait chanter le clavecin, laisse la musique seule faire naître « la récréation de l’esprit » comme le souhaitait Bach lui-même. (…) Plus de détails
Viet-Linh Nguyen, musebaroque.fr, Juin 2023
Jean-Luc Ho aborde ses Goldberg et les a mûrement réfléchies. Il les aborde tout autant en organiste qu’en claveciniste, insiste sur le clavier (…)
La lecture est personnelle, articulée, d’une densité polyphonique extrême. Ce sont des Goldberg serrées et colorées, à l’ampleur orchestrale. Les variations s’enchaînent comme dans un édifice altier, à la stéréotomie radieuse et millimétrée.
Son trait est celui d’un architecte ou d’un géomètre, à la pureté rigoureuse, à la virtuosité vive mais froide, au classicisme orné mais dont les ressauts et volutes n’apprécient guère les reliefs et refusent les ombres. (…) il faut savoir varier les Variations, et celles de Jean-Luc Ho méritent assurément qu’on se couche parfois un peu tard pour profiter de leur baume. Plus de détails
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