Emmanuelle Giuliani, La Croix, Mai 2023
Au Musée d’Orsay, trois artistes livrent une version intimiste et néanmoins puissante du ballet Daphnis et Chloé de Maurice Ravel (…) une heure de danse où la grâce le dispute à la virtuosité (…)
Ondulations alternées ou symétriques, portés amples et élégants, étreintes… Sur la musique sensuelle de Ravel, dont l’interprétation au piano par Claire-Marie Le Guay sollicite les couleurs les plus éclatantes et les ombres les plus profondes, les danseurs évoquent l’histoire d’amour pastoral entre le chevrier Daphnis et la bergère Chloé. Florent Mélac signe la chorégraphie au néoclassicisme poétique, dans laquelle il incarne un jeune homme sensible, qui, à l’instar du roseau de la fable, plie mais ne rompt pas, se redressant pour tutoyer le ciel. Récemment nommée étoile, Hannah O’Neill impressionne par sa technicité de gymnaste, sa noblesse et sa grâce de déesse. Depuis la salle à taille humaine, le spectateur entend leur souffle, distingue leurs expressions, partage (presque) leur effort sublimé par l’art. Tout comme il admire la calme endurance de la pianiste qui jamais n’interrompt le flux d’une musique caressante, luxuriante, sauvage parfois (…) une joie solaire couronnée par l’ovation du public. Elle s’adresse à parts égales aux danseurs et à la musicienne dont les talents conjugués ont déployé un arc-en-ciel dans l’auditorium d’Orsay.