L’Arménie est un objet de fascination continue en Occident : d’abord parce que, attestée dans la Bible avec le mont Ararat où s’échoua l’Arche de Noé, elle est l’incarnation géographique et le mémorial de l’histoire du Peuple élu et de l’Orient des origines. Ensuite parce que les Arméniens sont un peuple de voyageurs et d’ascètes qu’on croisait partout au Moyen Âge : à Rome, où ils ont leurs monastères, en Irlande, où des religieux arméniens fondent au VIIe siècle le monastère de Cell Achid, à Jérusalem où pèlerins et voyageurs latins les rencontrent bien avant les croisades : ils sont les Orientaux préférés des Latins. C’est dire si la diaspora arménienne née du terrible génocide de 1915 reprit les chemins foulés par nombre d’entre eux depuis des temps immémoriaux. De ces exodes pluriséculaires sont nées de fertiles rencontres musicales : Ararat les revivifie en croisant un collectif interculturel de musiciens et une partie du répertoire arménien (danses, chansons populaires et poésies mystiques du Xe au XVIIe siècle). Ainsi, chacun s’approprie la culture de l’autre pour s’en faire une caisse de résonance qui démultiplie les accents émotionnels d’une humanité une et plurielle.
Nicole Videmann, Latins de jazz... & Cie, 1e octobre 2017
Devant un public attentif et conquis l’ensemble déroule un répertoire fascinant […] Par ses applaudissements et ses sourires radieux, le public du chapiteau restitue à l’orchestre l’intérêt et le plaisir ressenti à l’écoute du projet « Ararat ».
L'étroite relation entre la France et l'Arménie a été établie de longue date, dès 1252, quand Léon II de Lusignan, issu d’une grande famille noble française, est nommé roi de Chypre, de Jérusalem et d’Arménie. L’influence de cette famille perdurera, avec plus ou moins d’intensité jusqu’en 1375, et la fin du royaume d’Arménie.
Canticum Novum fait aujourd’hui renaitre ce dialogue interculturel établi à la cour du roi d’Arménie au XIIIe siècle, à travers des pièces françaises et arméniennes, lumineuses et aériennes, qui à leur manière nous parle de paix et de respect de l’autre, et permettent d’élargir l’horizon…
Ararat, musique sacrée et populaire arménienne. Concert donné par l’ensemble Canticum Novum, direction Emmanuel Bardon au Festival d’Ambronay le 30 septembre 2017.
À la manière d’un arbre dont les racines multiples s’ancrent et puisent leurs énergies dans différents terreaux fertiles, Canticum Novum ne cesse depuis de nombreuses années de s’étoffer, de s’intensifier et de s’ouvrir vers de nouvelles aventures humaines et musicales. Dans ce programme anniversaire réalisé pour les 25 ans de l'ensemble, Canticum Novum célèbre les notions d’enracinement, de transmission générationnelle, d’identités partagées et rend hommage aux liens tissés et aux attachements profonds créés depuis ces 25 années.
Retrouvez les ce jeudi 19 décembre à 20h00 au Théâtre Copeau de l'Opéra de Saint-Étienne (42)