Jean-Luc Ho

Distribution :

La Guilde des Mercenaires
Violaine Le Chenadec, soprano
Jean Bollinger et Adrien Mabire, cornets et trompettes
Jean-Luc Ho, clavier

Née sur le champ de bataille, la trompette fut d’abord une arme sonore : un instrument de commandement, de signal, d’ordre. Depuis l’Antiquité — des tubae romaines aux trompes médiévales — son usage militaire forge sa première identité. Mais très tôt, les trompettistes, véritables « officiers du son », perfectionnent leur art pour rivaliser avec la voix humaine. Leur virtuosité fait de « l’Annonce » non seulement un signal, mais un symbole : celui de la puissance, terrestre ou céleste.

L’entrée de la trompette dans l’église se fait progressivement. Si, à la Renaissance, elle n’est tolérée que pour les grandes célébrations — Te Deum, processions royales, fêtes solennelles — le XVIIᵉ siècle la consacre définitivement. Sous la plume de compositeurs tels que Schütz, Biber, Muffat, Charpentier ou Purcell, les sonneurs deviennent omniprésents dans la musique sacrée européenne. L’instrument quitte le parvis pour rejoindre la nef, l’autel, et même les voûtes.

Car lorsque nous levons les yeux dans nos églises et cathédrales, des témoins silencieux nous observent : anges musiciens, soufflant trompettes, cornets, ou brandissant la grande « Principale » de l’orgue. Ils annoncent les Jugements, proclament l’autorité royale, accompagnent la liturgie ; et à leurs côtés, les cornets, compagnons inséparables, dialoguent avec les tuyaux d’étain en une fusion de timbres propre à la tradition européenne.

À l’opéra, les cuivres entrent d’abord par la grande porte des fanfares. Cependant, leur noblesse expressive inspire rapidement aux compositeurs des airs entiers dédiés à l’instrument : célébration héroïque, douceur pastorale ou éclat théâtral. L’objet de ce programme est de montrer la richesse du répertoire européen consacré aux instruments qui entourent l’orgue et la voix : Cornets et Trompettes. D’un pays à l’autre, les noms changent — Clarino, Tromba, Cornetto, Trompette, Cornet, Tromba di Guerra, Principale, Corno e Tromba da Tirarsi — mais l’intention reste la même : magnifier la parole musicale, la porter plus loin, plus haut, plus solennellement.

La période Baroque (1600-1750) représente l’âge d’or de la trompette naturelle. Sa technique, développée notamment dans les cours impériales et princières, atteint un sommet de virtuosité. Mais la deuxième partie du XVIIIᵉ siècle, avec l’essor du discours musical bourgeois, l’émergence de la musique de chambre, et la métamorphose progressive de l’orchestre, bientôt dominé par les cordes, ouvre une période de relative disette pour ces instruments de prestige. La trompette recule, le cornet si symbolique disparaît presque, et l’orgue lui-même se réinvente.

Reste alors l’énigme qui traverse les siècles :
La voix peut-elle surpasser l’instrument, ou l’instrument peut-il rivaliser avec la voix ? La trompette, le cornet et l’orgue répondent à cette question depuis plus de quatre cents ans. Notre programme se propose de la poser à nouveau, en laissant l’histoire, les timbres et les espaces sacrés en donner leur propre réponse.

Programme détaillé

Pour la couronne d’Angleterre :

Henry Purcell - Sound the Trumpet
Georg Friedrich Haëndel - Let the bright Seraphim
G. F. Haëndel - Eternal source of Divine Light
G. F. Haëndel - Alla caccia
Maurice Greene - Voluntary
Thomas Arne - The Soldier Tired
G. F. Haëndel - Alle voci del Bronzo guerriero

Pour la Campagne d’Italie :

Giuseppe Torelli - Concerto per tromba
Alessandro Scarlatti - Si Suona La Tromba
Alessandro Marcello - Concerto per Cornetto
Tomaso Albinoni - Vie con nuova orribili guerra
Bernardo Pasquini - Toccata con la Scherzo del Cucco
Antonio Vivaldi - Concerto con due Tromba
Alessandro Scarlatti - Su le sponde