Jean-Luc Ho
CLAVECIN & ORGUEBovicelli, Donati, Grandi, Merula, Monteverdi…
Riposta
Encelade, 2023
Violaine Le Chenadec canto
Adrien Mabire cornet et direction artistique
Jérémie Papasergio basson & flûte
Manon Papasergio harpe
Jean-Luc Ho clavecin & orgue
Yoann Moulin clavecin & orgue
Gabriel Rignol théorbe
Après leur intégrale des Canzoni de Girolamo Frescobaldi, La Guilde des Mercenaires est de retour avec leur musique de cœur : le pôle Venise et ses alentours. La Genèse de ce disque se situe autour de l’idée d’un programme de pièces connues mais aussi quasi inconnues avec, toujours en figure de proue, cet incontournable influenceur qu’était Monteverdi auprès de ses contemporains.
Rome, associée aux états pontificaux, était depuis longtemps l’un de ces centres artistiques les plus importants de l’époque baroque. Bénéficiant du poids d’institutions telles que la Chapelle Sixtine, et de compositeurs comme Frescobaldi, la ville éternelle renforcerait encore son importance culturelle au cours du XVIIe siècle. Un peu plus au nord, Florence avait été le centre de gravité incontesté de la culture italique au cours de la Renaissance, notamment grâce à la richesse démesurée des Medici, et était, à cette époque encore, une ville incontournable qui rayonnait grâce à des noms tels que Caccini, Peri, ou des institutions telles que la Camerata Fiorentina. Au sud, Naples aussi développait une scène musicale qui préfigurait l’importance qu’elle aurait un siècle plus tard, mais c’est vers au nord qu’il faut se tourner pour trouver le dernier grand pôle musical italien, celui auquel est dédié cet enregistrement. Venise, bien sûr, est le premier nom à citer, avec son imprimerie musicale sans égal, sa foule de compositeurs qui sont entrés dans l’histoire (Gabrieli, Grandi, Monteverdi…) et Saint Marc de Venise. Mais ce faisant, on omet parfois de nommer aussi un bon nombre de villes du nord italien qui, si elles ne jouissaient pas de la place privilégiée de Venise, n’en étaient pas moins à l’avant-garde musicale de l’époque, ce dont les églises et les nobles locaux ne se privaient pas de faire un instrument de leur prestige. Il s’agit de noms tels que Mantoue (Monteverdi, Viadana), Milan (Cima), Crémone (Merula), Brescia (Marini)…
C’est donc à la musique de ces villes gravitant autour de Venise et en particulier, autour de la figure de proue de cette école musicale qu’était Monteverdi, que se consacre cet enregistrement.
Presse
Frédéric Muñoz, resmusica.com, janvier 2024
L’interprétation de La guilde des mercenaires est à la fois savante et émouvante. La voix de Violaine Le Chenadec est souple et gorgée de cet art du discours qui nourrit ces airs par lesquels passent de nombreux états d’âme. Les instruments sous-tendent une harmonie riche et nouvelle dans ses intentions grâce à un continuo solide et subtil. La prise de son raffinée de Ken Yoshida dans la belle acoustique de l’église de Notre-Dame de Kerfons dans les Côtes-d’Armor, apporte une ambiance chaleureuse et agréable à l’écoute. Le choix de « Riposta » comme titre de cet album éclaire sur la démarche des musiciens, prêts à se répondre en harmonies ou en contradictions, au gré des textes musicaux. Article complet
Franck Mallet, Muzikzen.fr, 14 décembre 2023
Les instrumentistes de La Guilde n’ont pas leurs pareils pour orner avec un goût exquis du contraste et de l’assemblage de timbres savoureux des pièces comme ce Domine inclina coellos de Donati confié au basson de Jérémie Papasergio, l’Arpeggiata al moi modo de Castaldi au théorbiste Gabriel Rignol, ou encore ce Quanti Mercenarii d’après Palestrina signé de l’inconnu Francesco Rognoni Taeggio, dont Adrien Mabire et son cornet à bouquin se réserve lui aussi la partie solo, finement accompagné par le clavecin et l’orgue de Jean-Luc Ho et Yoann Moulin. Admirable Guilde des Mercenaires dans la ferveur intime de la miniature. Article complet
Viet-Linh Nguyen, musebaroque.fr, 05 novembre 2023
(…) des duos entre la voix ductile, claire et pure de Violaine Le Chenadec (superbe « O quam tu pulchra est » de Grandi) et le cornet à bouquin d’Adrien Mabire qui assume souvent la deuxième ligne de chant et où le souffle chaleureux et délicat d’Adrien Mabire en fait une voix humaine. Le climat intimiste, sobre et éloquent, la finesse d’exécution, le soin de miniaturiste apporté aux timbres, une certaine austérité des lignes font de cette interprétation puissante et concentrée un régal de timbres et de textures, avec des œuvres rares et des partis-pris de transcriptions tout aussi originaux (…) Et la cohésion de ces mercenaires est remarquable : Adrien Mabire tel un portraitiste flamand semblant doser à merveille l’équilibre entre l’extrême précision pointilliste, la beauté de la ligne vocale (pardon mélodique, car elle échoit souvent au cornet), les textures plus vertes (Jérémie Papasergio, véritable caméléon tout en rondeur, loin de ses interventions souvent plus jouissives et tonitruantes, comme dans le « Domine inclina coellos » d’Inazio Donati), et des apports poétiques des « juniors » de cette petite bande (la harpe et viole de Manon Papasergio, le théorbe de Gabriel Rignol), et le support harmonique de Jean-Luc Ho et Yoann Moulin, stable et assuré. Une pièce favorite ? Instrumentale, ce serait la Canzon XII boisée et dansante de Gabrieli, avec ces registrations d’orgue colorées et grouillantes, face à un noble cornet aérien et de superbes effets d’échos. Article complet
Emmanuel Deroeux, Olyrix.com, 19 octobre 2023
Sous la coordination artistique d’Adrien Mabire, de talentueux jeunes musiciens de la scène baroque se sont de nouveau réunis en une Guilde des Mercenaires pour explorer ce répertoire, où les qualités vocales et instrumentales se mélangent harmonieusement. (...)La Guilde des Mercenaires offre ainsi, avec cet enregistrement intime et éloquent, un intéressant voyage sonore au cœur du XVIIe siècle vénitien. La symbiose entre voix et instruments traduisant par la délicatesse un plaisir évident de se retrouver et de partager ce répertoire où chacun trouve naturellement sa place.
Frédéric Norac, Musicologie.org, 23 septembre 2023
(...) La richesse du programme, construit autour de la musique vénitienne de la première moitié du xviie siècle et de Monteverdi, se révèle passionnant. D’abord par le choix des pièces où la rareté n’est pas là pour faire preuve d’érudition, mais pour offrir à l’auditeur une variété de registres et d’authentiques découvertes (...)La richesse des timbres sert merveilleusement la polyphonie de la basse continue qui soutient la voix de Violaine Le Chanec et se renouvelle sans cesse. La chanteuse varie à plaisir les registres expressifs au fil des pièces et se révèle aussi à l’aise dans le registre religieux que dans la désinvolture des madrigaux amoureux (...) Le résultat s’écoute dans la continuité sans lassitude et il s’en dégage une sensation d’intimité avec la musique et les musiciens qui est exactement celle que le mélomane va chercher au concert. Une remarquable réussite.
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