Arts-Scène Diffusion

L'Achéron

MUSIQUE ANCIENNE

Sonates en trio, Philipp Heinrich Erlebach

Sonates en trio, Philipp Heinrich Erlebach

Ricercar/Outhere, 2019

L’Achéron
Marie Rouquié, violons
Miguel Henry, théorbe
Yoann Moulin, clavecin & orgue
François Joubert-Caillet, viole de gambe & direction



Philipp Heinrich Erlebach (1657-1714) est un compositeur quasiment inconnu aujourd’hui malgré la grande réputation dont il bénéficiait de son vivant : actif en Allemagne centrale, il composa pour tous les grands genres musicaux (cantate, opéra, orchestre, musique de chambre) un nombre incalculable d’oeuvres pour la plupart malheureusement perdues.
Dans le domaine de la musique intime, Erlebach a fait publier ces six Sonate a violino e viola da gamba col suo basso continuo en 1694 : inspirées de la Sonata da camera italienne, il les adapte à une forme courante dans les pays germaniques de la seconde moitié du XVIIème siècle où la viole de gambe est considérée comme instrument concertant, répondant d’égal à égal au violon, et non un instrument d’accompagnement comme en France ou en Italie à la même époque. Ce type de Sonate en trio pour violon, viole de gambe et basse continue ont été largement développée par Dietrich Buxtehude, Johann Heinrich Schmelzer, Johann Philipp Krieger ou d’autres compositeurs germaniques, mais également en Angleterre par John Jenkins ou William Lawes. La viole de gambe « remplaçant » le second violon habituel, ces sonates sont souvent plus suaves et permettent aux compositeurs d’agrandir le spectre de couleurs et d’expressions.

À la fois d’une grande virtuosité et d’un immense raffinement, ces Sonates d’Erlebach font le lien entre l’Italie, la France et l’Angleterre; dignes représentantes du Gemischter Styl germanique, elles sont construites comme des Suites de danses françaises (Allemande, Courante, Sarabande, Gigue) mais précédées d’un Prélude à l’italienne (lent-vif-lent) et requièrent pour certaines un violon en scordature (accordé différemment qu’à l’habitude), ainsi qu’un violon piccolo.

Comme à son habitude, L’Achéron désire faire sortir de l’oubli un compositeur et sa musique : Erlebach est un musicien incontournable de la deuxième moitié du XVIIème siècle, faisant historiquement et stylistiquement le lien entre Schütz et Bach. Sa musique, à la fois sensible et panachée, pleine d’esprit, fait dialoguer le violon et la viole dans ce que François Couperin nommera plus tard la « Réunion des Goûts » et qu’il mettra notamment en oeuvre dans ses Nations.



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