L'Achéron
MUSIQUE ANCIENNEOrlando Gibbons
Orlando Gibbons - Fancies for the viols
Ricercar, 2017L’Achéron
François Joubert-Caillet, dessus de viole & direction
Lucile Boulanger, Andreas Linos, Claire Gautrot,
Robin Pharo, Sarah van Oudenhove, violes
Ces Fantaisies d’Orlando Gibbons sont des chefs d’oeuvres d’écriture, les divers registres et textures des violes y sont cultivées avec une science impressionnante. En cette période dite jacobéenne (règne de James, fils de Mary Stuart, roi d’Angleterre et d’Écosse) l’Italie inspire déjà les musiciens anglais depuis longtemps : ces pièces de Gibbons montrent un détachement des structures de danses habituelles de la Renaissance anglaise (Pavane, Allemande, Gaillarde ) pour des pièces de musique «pure» où les expérimentations en tout genre sont peu à peu permises, d’où le terme de Fantaisie, Fantazia , ou Fancy . La Pavan et la Galliard n’ont ici rien de danses dansées -ou dansables- et sont plutôt des exercices de style d’après les structures de ces danses. Autre exercice, celui de développer un contrepoint varié sur la mélodie d’une chanson, ici Go from my window , ou sur le cantus firmus de l’In Nomine sur lequel maints autres compositeurs se sont illustrés, notamment Thomas Tallis ou Christopher Tye dès le XVIème siècle.
N’oublions pas que Gibbons, en plus d’être un brillant compositeur pour claviers, était un musicien d’église et que le sentiment religieux pouvait être lié à un certain fanatisme en ce début du XVIIème siècle anglais : l’anglicanisme, cette nouvelle religion
britannique, a provoqué un souffle nouveau et visionnaire, une certaine exaltation révolutionnaire dont cette musique se fait l’écho.
Le mystique n’est pas absent de ces pièces qui peignent l’architecture céleste de manière novatrice, la musique étant encore à l’époque considérée comme un art cosmique, astral, et sa pratique en consort le plus souvent emprunte de spiritualité.
Presse
Cécile Glaenzer, Resmusica, décembre 2017
À l’écoute de cet enregistrement, on est frappé par l’extraordinaire homogénéité du timbre des violes. C’est que les six instruments de ce consort ont été pensés comme des tuyaux d’un même orgue, en respectant les proportions harmoniques entre chaque tessiture. Le résultat sonore, déjà remarqué au concert dans des pièces d’Anthony Holborne, est, comme le dit François Joubert-Caillet lui-même, « un son plein, pur, clair, profond, grand, à l’articulation précise et éloquente, un son que l’on pourrait qualifier d’anglais ». De la belle ouvrage.
Le Soir, novembre 2017
L’Achéron aborde ce riche répertoire avec un très pur souci de clarté, somptueusement embaumé par la beauté des coloris instrumentaux.
Albéric Lagier, Musikzen, novembre 2017
L’équipe réunie autour de François Joubert- Caillet s’attache à mettre en valeur ce répertoire anglais d’essence, ses touches italianisantes, et la richesse structurelle des consorts qui auront une influence prégnante au-delà des siècles et dans toutes l’Europe. Son interprétation ressemble à un sans faute : ce programme, de plus d’un heure, envoûte sans jamais lasser.
Audio
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